Le choc anaphylactique aux agents anesthésiques est une complication grave pouvant conduire au décès du patient malgré une réanimation bien conduite.

Depuis la mise  en place de l’observatoire du GERAP (Groupe d’études des réactions allergiques peranesthésiques), les curares sont les médicaments qui induisent plus de la moitié des réactions allergiques en période péri opératoire depuis plus de 30 ans. Ces réactions sont des réactions d’hypersensibilité immédiate pour plus de 60 % d’entre elles (1).

Les mécanismes responsables de l’anaphylaxie avec les curares sont le plus souvent :

 Une réaction d’hypersensibilité immédiate immunologique : elle est médiée                        par des IgE. Les curares contiennent  l’épitope  "Ion ammonium quaternaire partagé", le rôle déterminant des ammoniums quaternaires, et des amines tertiaires, dans la liaison des IgE spécifiques aux curares a été démontré (2).

Une réaction d’hypersensibilité immédiate  non immunologique : les curares peuvent induire une réaction allergique par l’activation d’un récepteur membranaire des mastocytes            le Mas-related G-protein coupled receptor member X2 (MRGPRX2). Ceci pourrait expliquer la libération des contenus cellulaires des mastocytes  par une voie différente de celle du pontage des IgE (3).

 Il existe des cas de réactions d’HSI IgE médiée lors d’une première exposition à un curare (4). Il s’agit d’une sensibilisation à un déterminant allergénique commun avec le curare,  c’est le cas des substances contenant des ammoniums quaternaires ou des amines tertiaires. Ces substances sont contenues dans de nombreux produits en particulier  les cosmétiques, les désinfectants et la pholcodine (molécule opioïde antitussive) (3, 5).

La symptomatologie clinique  d’une anaphylaxie aux curares, correspond à un syndrome clinique associant de manière variable des signes respiratoires et/ou circulatoires et le plus souvent des signes cutanéo-muqueux. D’autres signes cliniques (douleurs abdominales, diarrhée, vomissement) peuvent être également associés (6).

Les seuls signes cliniques ne permettent pas de déterminer le mécanisme de la réaction. Il est nécessaire devant toute réaction allergique de réaliser un bilan sanguin immédiat pour doser les médiateurs de la réaction (histamine, tryptase et IgE) et faire des tests allergologiques                 à distance,  afin  de poser le diagnostic précis d’allergie après synthèse de l’anamnèse per opératoire, des explorations biologiques  et des explorations cutanées (1).

En pratique, la prise en charge rapide et optimale de la réaction allergique doit être encouragée par la formation et la sensibilisation des équipes anesthésiques et la consultation d’Allergo- Anesthésie permet d’établir un diagnostic précis et de gérer les recommandations qui en découlent pour les anesthésies ultérieures.

Bibliographie :

1- M. Malinovsky et  coll ʺ Actualité sur les curaresʺ Rev française d’allergologie 2017. 57 : 547–550.

2- BA. Baldo et coll ʺSubstituted ammonium ions as allergenic determi-nants in drug allergyʺ. Nature 1983; 306:262–4.

3- BD. Neil et coll ʺIden-tification of a mast-cell-specific receptor crucial for pseudo-allergic drugreactionsʺ. Nature 2015; 519:237–41.

4- J. Reddy et coll ʺAnaphylaxis is more common with rocuronium and succinylcholine than with atracuriumʺ. Anesthesiology. Janvier 2015. 122 (1): 39‑45.

5- Hennino A et coll ʺ Pathophy-siology of urticariaʺ. Clin Rev Allergy Immunol 2006. 30: 3–11.

6- ʺConduite à tenir après le traitement d’urgence d’une suspicion d’anaphylaxieʺ http://www.has-santé.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013 11/anaphylaxie_document_de_travail_message_cles.pdf. 30 pages. Consulter le 02/01/2019.

 

Dernière mise à jour : Avril 2019

 

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